L’histoire de Madrid au cours des 20 dernières années nous enseigne une vérité essentielle : moins d’impôts c’est moins de dépenses publiques et plus de croissance économique

Je voudrais vous décrire brièvement le contexte dont nous parlons. L’Espagne compte 17 communautés autonomes, ou régions. L’une d’entre elles est Madrid, qui comprend non seulement la ville de Madrid, mais aussi les villes voisines de la banlieue et quelques petites municipalités. Au total, cette région compte 7 millions d’habitants.

Suivant la répartition constitutionnelle du pouvoir en Espagne, les communautés autonomes ont un poids très important, car elles sont, entre autres, entièrement responsables du système de santé publique, du système d’éducation publique, y compris les universités, et du système de services sociaux publics. Cela signifie que les régions représentent un tiers des dépenses publiques totales.

Comment financent-ils ces dépenses ? Par les impôts, bien sûr. En ce qui concerne l’impôt sur le revenu des personnes physiques, principal impôt, les communautés autonomes reçoivent non seulement 50 % des recettes, mais peuvent également décider de la moitié du taux. Elles reçoivent également 50 % de la TVA, mais pour cet impôt, elles n’ont aucun pouvoir de décision. En revanche, elles ont un pouvoir de décision total et perçoivent la totalité de l’impôt sur les successions, les donations, les transferts et sur certains documents juridiques. Elles peuvent même imposer leurs propres taxes sur ce qui n’est pas déjà taxé. Ce n’est pas facile à trouver, mais il existe des régions comme la Catalogne qui ont jusqu’à 18 taxes propres.

Pour vous donner une image complète, voici la structure des revenus et des dépenses d’une région comme Madrid. Comme vous pouvez le voir, l’impôt sur le revenu est la principale source de revenus, suivi de la TVA.

Et si nous regardons les dépenses, la part la plus importante est consacrée aux dépenses de santé, suivies de celles d’éducation.

Structure des revenus et des dépenses de la région de Madrid (données 2024)

Dans ce colloque, nous voulons comprendre comment réduire les dépenses publiques et le périmètre de l’État. L’expérience madrilène nous permet de croire qu’une politique constante de réduction des impôts, combinée au maintien à un contrôle de la dette publique, conduit nécessairement à une réduction ou, dans le pire des cas, à un contrôle de la croissance des dépenses publiques.

La région de Madrid dépense 3.900 euros par habitant et par an. En revanche, la Catalogne, avec une politique beaucoup plus socialiste, dépense 5.200 euros par habitant par an. Et si nous regardons la Navarre, la même dépense – pour pratiquement les mêmes services – avoisine les 8.000 euros par habitant et par an.

Ce qui distingue la Communauté de Madrid est qu’au cours de ces 20 années de baisse des impôts, les élus et les fonctionnaires qui envisageaient de lancer un nouveau projet ou à étendre un projet existant savaient qu’ils ne pourraient pas le financer par de nouveaux impôts ou par des augmentations d’impôts existants. Ils devaient donc réduire d’autres dépenses. C’est pourquoi, de facto, la baisse des impôts et l’encadrement de la dette impliquent une restriction des dépenses publiques.

La politique de réduction des impôts dans la Communauté de Madrid a commencé il y a plus de 20 ans, en 2004, et se poursuit aujourd’hui. Elle a été initiée par une présidente nettement libérale, Esperanza Aguirre, et est poursuivie actuellement par une autre présidente libérale, Isabel Díaz Ayuso.

La première étape a été la réduction de l’impôt sur les successions et les donations jusqu’à ce le faire pratiquement disparaître. Ensuite, il y a eu plusieurs réductions de l’impôt sur le revenu, la suppression de l’impôt sur la fortune et la suppression de tous les impôts propres.

Chaque année, les mesures qui pouvaient être prises ont été mises en œuvre. Le plus important : toutes vont dans le même sens, celui de la baisse des impôts, et jamais dans le sens contraire. Au cours de ces 20 années, les impôts n’ont jamais été augmentés dans la Communauté de Madrid. Les Madrilènes ont ainsi économisé 75 Mds d’euros d’impôts au cours des 20 dernières années.

Je ne veux pas dire que les impôts sont bas à Madrid, et encore moins que c’est un paradis fiscal. Malheureusement ! Mais je peux dire que, de toutes les régions espagnoles, Madrid est celle qui est la plus éloignée de l’enfer fiscal. Les personnes à petit revenu – moins de 30.000 euros par an – paient 400 euros d’impôt sur le revenu de moins à Madrid qu’en Catalogne. Et si l’on passe aux revenus les plus élevés – supérieurs à 300.000 euros par an –, ils paient 20.000 euros d’impôt sur le revenu de plus à Valence qu’à Madrid.

En ce qui concerne l’impôt sur les successions, un célibataire qui hérite 800000 euros de son paiera 1.500 euros d’impôt s’il habite à Madrid contre plus de 100,000 euros s’il est domicilié aux Asturies.

Les socialistes ont toujours utilisé la même critique chaque fois que nous avons réduit les impôts, et en particulier l’impôt sur le revenu. Leur principale critique est qu’en réduisant les impôts, il y aura moins d’argent pour financer les services publics tels que la santé et l’éducation.

Mais c’est tout simplement faux. Dans le cas de Madrid, les cinq baisses de l’impôt sur le revenu n’ont pas entraîné de diminution des recettes fiscales, bien au contraire, elles ont augmenté. La première fois, en 2007, elles ont augmenté de 358 millions d’euros. La dernière fois, lors de la réduction de l’impôt que j’ai moi-même effectuée en 2022, elles ont augmenté de 897 millions d’euros.

Attention, je ne dis pas que les collectes vont augmenter parce qu’on baisse les impôts. Ce que je dis, c’est qu’il est faux de dire que toute diminution d’impôts entraîne une diminution des recettes. La réalité nous enseigne le contraire.

L’autre critique habituelle des socialistes est que la baisse des impôts ne profite qu’aux riches, ce qui est également faux. Dans le cas de Madrid, l’économie moyenne par contribuable au cours des 20 dernières années a été de 21.000 euros. Mais si nous considérons un contribuable avec un petit salaire, l’économie n’a pas été de 21 000 euros pour lui, mais de près de 70 000 euros. Cela correspond à plus de trois ans de son salaire. La baisse des impôts ne profite pas qu’aux riches, elle profite à tout le monde. En effet, à Madrid, 73 % des économies d’impôts concernaient des revenus inférieurs à 33 000 euros.

Une réduction des impôts et un meilleur contrôle des dépenses ne se traduisent pas par une augmentation de la dette, bien au contraire. Madrid est l’une des régions espagnoles les moins endettées, alors que d’autres régions, où les impôts sont beaucoup plus élevés, ont en même temps une dette beaucoup plus lourde.

En définitive, si le gouvernement réduit les impôts et n’augmente pas la dette, l’argent reste à sa place, c’est-à-dire, entre les mains des personnes et des entreprises qui l’ont gagné.

Chacune de ces personnes et de ces entreprises alloue son argent de manière beaucoup plus efficace qu’un gouvernement. Il en résulte donc plus d’épargne, plus d’investissements, plus de consommation et, finalement, plus de croissance économique.

Sur la période 2004-2023, la croissance économique de Madrid (mesuré par son PIB) a été de 42%, soit presque le double de la croissance moyenne nationale, 25 %. Et cela s’est avéré dans les années de crise comme dans les années de croissance économique ; pendant la pandémie et après la pandémie.

Conclusion : il est utile de baisser les impôts pour maintenir les dépenses publiques à un niveau plus bas. Cela conduit également à plus de croissance économique, plus de prospérité, plus de richesse et plus d’emplois.

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Javier Fernández-Lasquetty

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