« La liberté pour sortir du chaos » : tel était le thème choisi pour l’Université d’été 2024 des libéraux qui s’est déroulée à Aix-en-Provence en juillet dernier. Un thème que l’on peut voir comme une hypothèse que l’on voudrait, une fois encore, tester : et si le remède aux nombreux mots qui frappent nos sociétés se trouvait dans un retour de la liberté et de la responsabilité qui, dans la tradition classique libérale, accompagne nécessairement la liberté ? Pour explorer ce thème près d’une quarantaine d’intervenants, venus de toutes les régions du monde et de toutes les disciplines, se sont retrouvés dans la cité provençale[1].  

Il était convenu que les débats ne devaient pas se placer uniquement à un niveau théorique mais également permettre d’exposer des faits qui illustrent comment, en pratique, la reconnaissance ou le rétablissement des libertés s’accompagne d’une amélioration de nos conditions de vie, économique mais aussi sociale. Ainsi que vous pourrez en juger à la lecture des textes regroupés dans ce numéro – d’autres textes suivront dans le prochain numéro du Journal –, les intervenants ont joué le jeu !

Le mérite d’événements de ce type ne se limite pas toutefois à contribuer à la formulation d’idées et d’analyses plus ou moins nouvelles. Cela sans doute est nécessaire, et Terry Kibbe nous a fort heureusement rappelé que l’un des plus grands promoteur de la liberté au 20ème siècle, F.A. Hayek, avait vu juste lorsqu’il remarquait que :

« Pour conserver leur emprise sur l’esprit des hommes, les vérités anciennes doivent être reformulées dans le langage et les concepts des générations successives ».

Mais les idées doivent également être incarnées. Dans son allocution d’ouverture de l’Université d’été, Lord Syed Kamall a délivré un message fort en ce sens :

« Si vous allez sur Internet ou assistez à des séminaires ou universités d’été sur le libéralisme, vous en apprendrez davantage sur les écrivains libéraux qui vantent les vertus du libéralisme. Mais je crois que nous devons faire plus que simplement écrire ; nous devons retrousser nos manches et faire partie de la solution.

Le Mahatma Gandhi a dit un jour “ Si nous pouvions nous changer nous-mêmes, les tendances du monde changeraient aussi ” et “ Nous n’avons pas besoin d’attendre de voir ce que font les autres ”.  Ce que l’on peut résumer ainsi : “ Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ”. »

Un exemple concret donné par Lord Syed : les libéraux clament sans cesse que ce que fait l’État pourrait être fait et mieux fait par la société civile. Pour convaincre nos concitoyens que cela est exact un cas concret et contemporain ne sera-t-il pas plus efficace qu’une référence aux friendly societies de la fin du 19ème siècle ?  

Le libéralisme est le seul vrai humanisme, écrivait Pascal Salin dans les pages de ce Journal[2]. Ainsi que nous nous efforçons de l’expliquer sans cesse, le libéralisme ne se limite pas en effet à des recettes pour sortir du chaos nos finances publiques, nos services publics ; pour sortir du chaos de l’insécurité, du chaos d’un pouvoir d’achat menacé, voire érodé. Le libéralisme est aussi et peut-être avant tout le plus sûr moyen de sortir du chaos des âmes solitaires qui ne croient plus dans les vertus de l’entraide humaine et voudraient en conséquence imposer leur vision d’un monde meilleur à tous.`

C’est pourquoi les rassemblements tels que cette Université d’été des libéraux sont importants. Ce sont autant d’occasions de satisfaire cette propension profondément humaine à échanger[3]. Nous en avons besoin ! Aussi sommes-nous reconnaissants envers celles et ceux qui permettent à de tels événements d’avoir lieu. Je pense ici aux participants qui sont venus nombreux mais aussi à ceux qui ont apporté leur soutien dans l’organisation. Sans oublier, bien entendu, nos soutiens financiers : IES-Europe, IREF, le Center for the Philosophy of Freedom de l’Université d’Arizona, Epicenter, l’Institut Economique de Montréal ainsi que la Mairie d’Aix-en-Provence et la Faculté de Droit et Science Politique d’Aix-Marseille qui nous ont gracieusement accueillis dans leurs locaux.

Les défis qui nous attendent ces prochains mois sont nombreux. Pour citer encore Lord Syed : « En tant que libéraux, nous sommes donc sans aucun doute confrontés à des temps difficiles, mais cela ne doit pas nous surprendre car, nous le savons, la bataille pour la liberté n’est jamais terminée. » Pour ceux qui n’ont pas pu suivre « en live » nos débats de Juillet dernier, les articles rassemblés dans ce numéro 26 du Journal des libertés devraient leur apporter les forces nécessaires pour la route.


[1] Vous pouvez consulter le programme et la liste des conférenciers de l’Université d’été sur le site d’IES-Europe : https://ies-europe.org/fr/event/universite-dete-2024/

[2]     https://journaldeslibertes.fr/article/le-liberalisme-est-le-seul-vrai-humanisme/

[3]    Les plus courageux de nos lecteurs pourront se plonger dans l’analyse passionnante qu’Alain Marciano offre dans ce numéro de la pensée de James Buchanan. Pour le prix Nobel d’économie, la science économique s’égare lorsqu’elle ne met plus au cœur de sa réflexion la dimension sociale de l’individu et le rôle de l’échange.

About Author

Pierre Garello

Pierre Garello est Professeur d’économie à Aix-Marseille Université (AMSE) où il co-dirige un Master d’économie du droit. Il est éditeur du Journal des économistes et des études humaines (www.degruyter.com/view/jeeh) et Président de l’Institute for Economic Studies – Europe (www.ies-europe.org)

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