Aujourd’hui, on ne décide plus, on dépense. Il faut du courage pour faire évoluer les choses à la tête d’une collectivité. De nos jours, un bon budget est un budget qui augmente, ce qui est difficilement acceptable pour quelqu’un issu du secteur privé.
J’ai travaillé treize ans dans le privé et j’ai été maire pendant vingt-deux ans avant de devenir sénateur. En tant que maire, j’ai toujours géré avec rigueur. Lorsqu’on gère de l’argent public, cette rigueur est indispensable.

À Massy, nous disposions d’un budget de 100 millions d’euros, et nous avons subi les baisses autoritaires de dotations décidées par François Hollande et Manuel Valls. Ma stratégie a été de réduire les dépenses de fonctionnement pour sanctuariser les dépenses d’investissement. J’ai baissé ces dépenses de fonctionnement à hauteur exacte des recettes perdues. Je n’ai pas ciblé un secteur en particulier : tous les budgets de fonctionnement ont été réduits, y compris celui du personnel.
On pourrait appliquer la même méthode au niveau de l’État. Mais l’État ne compte pas comme les collectivités : il raisonne en termes de dynamique, de « tendanciel », c’est-à-dire, de l’évolution des dépenses si aucune mesure n’est prise. Chaque année, ce tendanciel est d’environ 3 % d’augmentation. Ainsi, l’État considère qu’il fait des économies s’il augmente ses dépenses de moins de 3 %. On augmente donc les dépenses tout en affirmant qu’on réalise des économies. Ce mode de calcul est impensable à l’échelle locale.
Concernant l’organisation territoriale, on estimait déjà à l’époque qu’il y avait trop de structures… et on en a ajouté. C’est le cas des intercommunalités, dont les missions étaient auparavant assurées par des syndicats, bien moins coûteux. La Cour des comptes a d’ailleurs démontré que la création de ce nouvel échelon a entraîné une hausse des dépenses locales.
Si l’on veut réellement réduire ces dépenses, il faut prendre des décisions radicales et avoir le courage de les assumer. Je plaide pour une simplification de l’architecture locale, et donc pour la suppression de cet échelon. Les communautés de communes qui fonctionnent bien pourront continuer, soit en mutualisant certaines compétences via un syndicat, soit en créant des communes nouvelles.
C’est de cette manière que nous parviendrons à mieux maîtriser la dépense publique.