The Meaning of Wealth, the Future of the Economy, and the Time Theory of Money

de George Gilder

Regnery Gateway, 2023 (223 pages)

George Gilder est un auteur prolifique, auteur d’ouvrages qui ont connu un certain succès éditorial, dont le plus marquant est sans doute Wealth and Poverty, paru en 1981. Cette contribution s’inscrivait dans le mouvement de l’économie de l’offre, ce courant de pensée qui s’opposait alors à l’approche keynésienne et aux tenants de la demande effective. George Gilder a donc contribué à la contre-offensive intellectuelle des libéraux contre l’interventionnisme étatique et a participé à la réponse politique libérale de la fin des années 1970 et au début des années 1980 avec l’avènement du Reaganisme aux Etats-Unis.

Life after Capitalism se veut ni plus ni moins qu’une nouvelle rupture intellectuelle qui repose sur le constat d’un changement de nature du capitalisme avec l’avènement d’une société de l’information, un « âge de l’information » qui va au-delà de la simple utilisation de l’information pour améliorer les techniques productives. Ce changement s’accompagne aussi d’une altération définitive de la nature de la monnaie, à présent coupée de tout référentiel matériel. C’est cette double rupture qui nécessite de reconceptualiser l’approche de l’économie, ce que nous propose de faire George Gilder en 15 chapitres, dont deux ont été écrits par Gale L. Pooley, sans que le nom de ce dernier n’apparaisse ni sur la couverture, ni dans la table des matières !

D’un point de vue formel, l’organisation des chapitres manque un peu de cohĂ©rence obligeant Ă  des allers-retours pour le lecteur entre les thĂ©matiques abordĂ©es. Au-delĂ  d’une forme d’inconfort pour le lecteur, l’ouvrage laisse un goĂ»t d’écriture ou d’une conception par trop rapide faisant place Ă  quelques rĂ©pĂ©titions, nuisant finalement Ă  la qualitĂ© de la dĂ©monstration. Par ailleurs, l’auteur de l’ouvrage a adoptĂ© une forme de « vulgarisation du propos », ce qui prĂ©sente l’immense avantage d’être facilement accessible pour le non spĂ©cialiste… et de faire l’économie d’une pensĂ©e plus dĂ©taillĂ©e. Ainsi le concept d’ Â« emergency socialism Â» (p. ix), que nous traduirons par « socialisme de crise Â», constituerait selon l’auteur le dĂ©clencheur de ces ruptures, mais il n’est malheureusement pas plus dĂ©fini ni discutĂ©. Or il aurait mĂ©ritĂ© de l’être. Cela aurait pu, par exemple, ĂŞtre mis en rapport avec d’autres analyses Ă©prouvĂ©es (Mises 1981 [1932]), mais l’auteur les rejette en prĂ©cisant seulement qu’elles lui paraissent dĂ©passĂ©es.

Cinq idĂ©es majeures composent l’ouvrage : la fin de l’approche matĂ©rialiste de l’économie, la connaissance est l’origine de la richesse, l’apprentissage est la source de la croissance, la monnaie est du temps, tandis que l’information est relative Ă  la surprise, la dĂ©couverte et l’innovation. En fait, la thèse majeure de l’ouvrage s’appuie sur une thĂ©orie de l’information qui nourrit une forme d’économie post-capitaliste (p.11), dont la seule limite est la crĂ©ativitĂ© et la connaissance humaine, source d’innovations. Ces innovations permettent ainsi d’économiser du temps, d’amĂ©liorer les process de production et d’accroĂ®tre les richesses, qui peuvent se passer d’une forme matĂ©rielle de la monnaie. On retrouve ainsi les grandes caractĂ©ristiques de l’économie de l’offre, avec une place importante donnĂ©e Ă  la crĂ©ativitĂ© humaine dans un monde dĂ©matĂ©rialisĂ© sans que ne soit pensĂ©e l’autre dimension du marchĂ© Ă  savoir la demande ; une dĂ©marche totalement assumĂ©e (p. 180). Il est Ă©galement remarquable que l’ouvrage n’évoque jamais la question des droits de propriĂ©tĂ©, les conditions de libertĂ© dans lesquelles agissent les agents. Cette approche dĂ©contextualisĂ©e n’est pas sans contradiction, puisqu’elle-mĂŞme est issue d’un contexte, qui lui est propre et fondateur, Ă  savoir celui de la dĂ©matĂ©rialisation et de la digitalisation de l’économie (p.11). LĂ  Ă©galement la dĂ©monstration reste absente.

Gilder dĂ©nonce d’emblĂ©e l’erreur majeure qu’ont commis selon lui l’ensemble des courants thĂ©oriques en Ă©conomie, pris dans la superstition matĂ©rialiste (p. 1). Y sont condamnĂ©s Ă  la fois les Ă©conomistes classiques tels que Smith, les marxistes, les Ă©conomistes autrichiens, les keynĂ©siens, les monĂ©taristes et les tenants de l’économie de l’offre, dont l’auteur faisait partie. Cette illusion matĂ©rialiste aurait embarquĂ© l’ensemble de la profession vers une conception de l’économie dĂ©finie comme la science de l’allocation des ressources, en considĂ©rant la raretĂ© comme le problème fondateur. Une « dĂ©pendance de sentier Â» aurait Ă©tĂ© initiĂ©e en considĂ©rant de manière erronĂ©e que l’économie revenait Ă  gĂ©rer la raretĂ©, alors qu’elle devrait identifier les conditions de la crĂ©ation de richesse. Plus en avant dans son analyse, Gilder dĂ©nonce la conception de l’homo economicus comme un agent s’adaptant aux incitations qui lui sont offertes (p. 26), et qui masquerait la dynamique de l’intelligence humaine qui se concrĂ©tise dans la crĂ©ativitĂ© et l’innovation. Selon lui, il est nĂ©cessaire de se dĂ©partir de cette conception matĂ©rialiste de l’économie pour saisir les fondements de l’enrichissement en s’appuyant sur la thĂ©orie de l’information, supposant des vecteurs de diffusion (rĂ©seaux), des mĂ©canismes de transmission (langages et codes) et des supports (la pensĂ©e humaine). C’est l’intelligence humaine source de crĂ©ativitĂ© et de surprise qui est la vĂ©ritable source de la richesse. La thĂ©orie de l’information sur laquelle s’appuie Gilder n’est pas celle qui consiste en sa traduction « matĂ©rialisĂ©e », Ă  savoir une information qui constitue une ressource utilisĂ©e pour dĂ©cider de l’allocation des biens et services (dimension allocative) (le prix d’une marchandise est supĂ©rieur sur un marchĂ© et va justifier l’approvisionnement des consommateurs) ou d’une expression en termes d’incitations (thĂ©orie des contrats avec la relation principal-agent par exemple) que l’on retrouve dans une approche nĂ©oclassique contemporaine (Laffont et Tirole 2013). Selon Gilder, les individus sont des formes de rĂ©pertoires d’intelligence et de crĂ©ativitĂ© qui peuvent ĂŞtre mobilisĂ©s pour produire des expressions ou des formes du monde (nouvelles modalitĂ©s de communication comme internet ou de stockage comme le container) qui dĂ©passent leur simple configuration matĂ©rielle (internet permet des transactions bancaires dĂ©matĂ©rialisĂ©es, le container a changĂ© les modalitĂ©s du transport des biens et de stockage). Dans cette approche, la conception matĂ©rialiste de la monnaie (conçue comme un bien) doit ĂŞtre abandonnĂ©e. Au-delĂ  de la facilitation des Ă©changes, la monnaie permet d’exprimer une unitĂ© de biens ou de services en temps, c’est-Ă -dire le nombre d’heures de travail nĂ©cessaires pour l’obtenir. Elle permet ainsi de mesurer des prix en temps, ni plus ni moins (p. 182-183).

Quelques remarques peuvent ĂŞtre formulĂ©es sur cette première thèse. La première est la rĂ©action que suscite la thèse du rejet global des enseignements des Ă©conomistes quels qu’ils soient, et ce, quand bien mĂŞme leurs travaux font l’objet de dĂ©bats scientifiques, voire de polĂ©miques. Ce rejet global ne manque pas de susciter de la part du lecteur un certain scepticisme sur ses fondements. Seuls Ă©chappent Ă  la critique Jean-Baptiste Say et sa thĂ©orie de l’offre. Par ailleurs, la thèse de l’erreur collective – ils se sont tous trompĂ©s ! – est lĂ  aussi quelque peu problĂ©matique, d’autant que l’auteur se fait son propre critique pour avoir dĂ©fendu une approche dite de l’économie de l’offre. Comment peut-il ĂŞtre certain de ne pas commettre une nouvelle erreur en assĂ©nant un avis aussi dĂ©finitif ?

Deuxièmement, l’illusion matĂ©rialiste, dĂ©noncĂ©e par Gilder pour mieux concevoir une Ă©conomie de l’information, trouve ses limites et sans doute une forme de contradiction par la traduction ultime de cette activitĂ© crĂ©atrice dans l’expression physique de la richesse, dont le chapitre 9 est une formidable expression. Comment penser cette contradiction ? Par ailleurs, comment interprĂ©ter l’expression crĂ©atrice en richesses matĂ©rielles tout en ne pensant pas la demande et justifier l’absence de rĂ©flexion quant Ă  la satisfaction des besoins ou le remplacement d’états moins satisfaisants par d’autres qui le sont davantage (Mises 1985) ? Enfin, les motivations des crĂ©ateurs de richesse sont totalement absentes dans la dynamique que nous propose Gilder.

Troisièmement, Gilder fait l’économie incroyable de ne pas considérer la question de la connaissance, de sa production, de sa répartition et de son partage. Il n’établit pas de liens avec la compréhension des mécanismes de marché et des dynamiques sociétales comme l’a fait en son temps Hayek (Hayek 2006 [1960] ; 1995) qu’il critique. Il ne discute pas plus l’apport de la théorie de la découverture entrepreneuriale et de l’esprit d’entreprise développée par Kirzner (2000 ; 2005). Sans doute à la lecture éclairante de ces derniers auteurs, Gilder aurait tempéré quelques-unes de ses assertions.

Deuxième idĂ©e dĂ©fendue dans l’ouvrage de Gilder : l’argent, c’est du temps. Pour Gilder, le progrès Ă©conomique ne peut ĂŞtre mesurĂ© en unitĂ©s monĂ©taires. En consĂ©quence, comparer le prix de 100 grammes de tabac aujourd’hui Ă  celui d’il y a 10 ans revient Ă  commettre une erreur, car ces prix sont exprimĂ©s en unitĂ©s monĂ©taires dont la valeur est manipulĂ©e par les autoritĂ©s (p. 14), et qu’un raisonnement supposant une actualisation des valeurs ne peut corriger. Ce qu’il convient de faire pour mesurer l’enrichissement est de raisonner en termes d’heures de travail pour obtenir une unitĂ© dudit bien. Selon Gilder, lorsqu’on dĂ©pense de l’argent, on dĂ©pense du temps, celui qui a Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour obtenir les unitĂ©s monĂ©taires en question. Selon Gilder, le temps est un Ă©talon de mesure plus fiable que la monnaie Ă©tatique, dans la mesure oĂą il ne peut faire l’objet de manipulations. L’apprĂ©ciation de l’enrichissement se traduit par une rĂ©duction du temps nĂ©cessaire pour obtenir un bien ou un service. Alors que le constat d’une manipulation monĂ©taire par les autoritĂ©s n’est pas une idĂ©e nouvelle, il n’est pas certain que la solution proposĂ©e soit aussi convaincante que ne le pense l’auteur. Premièrement, l’enrichissement associĂ© Ă  la rĂ©duction du ratio en termes de temps par unitĂ© de bien suppose, outre un retour par la dimension physique de l’économie, que ce qui est produit est valorisĂ© par les consommateurs (les biens additionnels produits) et qu’il peut ĂŞtre directement comparable dans le temps (qu’en est-il pour des biens dont les caractĂ©ristiques Ă©voluent ?). Sans ce processus de valorisation ultime, la disponibilitĂ© de biens additionnels est dĂ©pourvue de sens. Deuxièmement, l’étalon de mesure, Ă  savoir l’heure de travail, suppose que celle-ci n’évolue pas au cours du temps et qu’il existe une mesure moyenne au sein de la sociĂ©tĂ©. Or les productivitĂ©s individuelles varient au fil du temps et entre individus, de sorte qu’il n’existe aucune certitude Ă  ce que l’étalon lui-mĂŞme ne fasse pas l’objet de variabilitĂ©. Cette critique est celle qui avait Ă©tĂ© faite Ă  l’approche marxiste sur la composition en travail de la marchandise. Enfin, cette approche par la productivitĂ© constitue une forme de contradiction interne Ă  la thèse dĂ©fendue par l’auteur concernant la source originelle et dĂ©matĂ©rialisĂ©e de la richesse, Ă  savoir la crĂ©ative humaine.

Une autre idĂ©e dĂ©fendue par Gilder est que la croissance Ă©conomique rĂ©sulte de l’apprentissage et de l’acquisition de nouvelles connaissances. Les entreprises et les entrepreneurs seraient mus par une incitation Ă  faire mieux et Ă  innover. Ils sont les vecteurs de transmission de nouvelles informations et de surprise aux origines de l’enrichissement. Le marchĂ© est ainsi conçu comme un processus cybernĂ©tique, un rĂ©seau de transmission d’informations, de mise en relation de connaissances, qui ne doit pas ĂŞtre entravĂ© pour fonctionner au mieux. De cette conception, Ă©merge une forme de « techno capitalisme », qui laisse une large part aux industries de la tech (chapitre 7). Finalement, la conception dĂ©fendue par Gilder propose une vision appauvrie du fonctionnement du marchĂ©. Les recours aux exemples de la loi de Moore, aux gains obtenus en termes de productivitĂ© dans la production des semi-conducteurs laissent Ă  penser Ă  une vision très mĂ©canique, oubliant les dynamiques sociales et individuelles Ă  l’œuvre (Hayek 1995). Par ailleurs, l’auteur semble nĂ©gliger l’importance confĂ©rĂ©e au capital humain, qui n’est pas chose nouvelle tant pour expliquer le dĂ©veloppement Ă©conomique (Carnis 2023) que les choix Ă©conomiques individuels (Becker 1993) qui ont de considĂ©rables effets sur les trajectoires Ă©conomiques. Cette approche par la dimension humaine, qui ne nĂ©glige pas pour autant les dimensions techniques et technologiques, permet de penser les aspĂ©ritĂ©s au sein du fonctionnement des sociĂ©tĂ©s, ce que ne fait pas une vision cybernĂ©tique restrictive, telle que dĂ©fendue par l’auteur.

Pour Gilder, la richesse n’est pas le rĂ©sultat de ressources matĂ©rielles ou de leur combinaison, foin des terres, des matĂ©riaux, des machines… (p.49) La connaissance est la cause de tout ! C’est elle qui permet de donner sens aux choses, en mĂŞlant connaissances tacites et codifiĂ©es. Le gĂ©nie humain consiste ainsi Ă  concevoir ce que peut ĂŞtre une ressource et comment en faire un usage appropriĂ©. La machine ne prĂ©sente une valeur que dans la mesure oĂą elle a Ă©tĂ© conçue pour certaines finalitĂ©s, ce qui lui confère son statut. Elle est machine, dans la mesure oĂą elle est considĂ©rĂ©e comme machine. Le mĂ©canisme de marchĂ© est alors interprĂ©tĂ© comme un test de validation et de falsification des nouvelles connaissances de type poppĂ©rien (p. 54-55). Toute intervention sur ledit marchĂ© conduit Ă  perturber et Ă  travestir ce processus de sĂ©lection. En effet, c’est une dimension Ă©minemment subjective qui est Ă  l’œuvre pour dĂ©finir ce que peut-ĂŞtre la richesse. En reprenant Sowell, Gilder souligne que les transactions Ă©conomiques sont d’abord des achats et des ventes de connaissance (p. 61). Oui, mais pas n’importe lesquelles : les connaissances issues de l’activitĂ© humaine et des fins propres aux individus. Cela n’est pas prĂ©cisĂ©. En fin de compte, sur ce point, Gilder n’est pas très Ă©loignĂ© de l’approche des Ă©conomistes autrichiens, tout en se gardant de citer la source de ses influences.

Gilder traite Ă©galement de la place de la monnaie. Il dĂ©nonce ainsi la place considĂ©rable prise par le milieu de la finance dans l’économie (hypertrophie financière) ; envahissement qui a Ă©tĂ© rendu possible par l’expansion inconsidĂ©rĂ©e de la production de monnaie par les autoritĂ©s (chapitre 10). Cela a eu pour consĂ©quence un dĂ©centrement des lieux de crĂ©ation de profit vers les institutions financières au dĂ©triment de l’appareil industriel. Cela a conduit aussi Ă  dĂ©naturer le rĂ´le de la monnaie comme instrument de mesure, devenu inopĂ©rant dans un cadre volatile et biaisant le calcul Ă©conomique. Or, selon notre auteur, la monnaie n’est pas un bien, ni de la richesse contrairement Ă  ce que peuvent penser bon nombre d’économistes (p. 144). Elle ne serait qu’un vecteur de transmission d’information permettant de fluidifier les Ă©changes, remĂ©diant ainsi Ă  la tragĂ©die de la coĂŻncidence des besoins. Or l’exigence de ce rĂ´le implique de disposer d’un système qui limite les fluctuations relatives au support de la mesure, une mĂ©trique stable et transparente, ce que ne permet plus la circulation des masses monĂ©taires actuelles dont le volume s’accroĂ®t rĂ©gulièrement (p. 153). Le point de rĂ©fĂ©rence ultime serait alors l’unitĂ© de temps, permettant de dĂ©terminer des prix en temps. Pour Gilder, la monnaie doit ĂŞtre Ă  la fois rare, mais pouvant ĂŞtre créée selon les besoins des transactions et des projets Ă©conomiques, ce que ne sauraient satisfaire les monnaies Ă©lectroniques (limitĂ©es par leur non-extension) (p.166 et s.). D’une certaine façon, on retrouve ici chez Gilder quelques enseignements monĂ©taristes qui exigeaient une croissance de la masse monĂ©taire en proportion avec la croissance Ă©conomique. Pour Gilder, l’or prĂ©senterait des avantages notables Ă  cet Ă©gard et c’est pour cette raison qu’il milite pour un retour Ă  une monnaie rĂ©elle et non fiat. Une position que soutiendrait sans doute certains Ă©conomistes autrichiens. Mais une nouvelle fois, il existe un nouveau point de tension sur la reprĂ©sentation matĂ©rielle de la monnaie, notamment l’or, qui ne peut ĂŞtre seulement un support d’information. Comment gĂ©rer cette contradiction ?

Pour conclure, Life after capitalism de Gilder est une contribution moins innovante qu’anticipée. Le constat d’une place trop importante prise par la finance, la nécessité de disposer d’une monnaie solide, de ne pas entraver le fonctionnement du marché et d’être attentif à la création de connaissances, à la transmission des informations qui permettent la création de richesse feront consensus parmi les libéraux. La conception cybernétique du marché, le rôle limité conféré aux consommateurs, et aux individus à la source du processus économique est plus discutable, d’autant qu’elle s’appuie sur une série de critiques non fondées et pas démontrées à l’égard d’éminents penseurs. In fine, il y aura sans doute une vie après Life after Capitalism et il n’est pas certain que cette contribution passe le test redoutable du marché de la connaissance.

Références

Becker, Gary S. (1993), Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis with Special Reference to Education, NBER, The University of Chicago Press, 3rd edition.

Carnis, Laurent (2023), « Le Voyage de l’Humanité aux origines de la richesse et des inégalités d’Oded Galor, Notes de lecture », Journal des libertés, 2023, n°21, Eté, pp. 131-138.

Gilder, George (1993), Wealth and Poverty, ICS Press.

Hayek, Friedrich A. (2006 [1960], The Constitution of Liberty, Routledge.

Hayek, Friedrich A. (1995), Droit, législation et liberté (3 volumes), Collection Quadrige, Presses Universitaires de France.

Kirzner, Israel M. (2005), Concurrence et esprit d’entreprise, Economica.

Kirzner, Israel M. (2000), The Driving Force of the Market, Essays in Austrian Economics, Foundations of the Market Economy, Routledge.

Laffont Jean-Jacques et Tirole Jean (2013), Théorie des incitations et réglementations, Economica.

Von Mises, Ludwig (1981 [1932]), Socialism – An Economic and Sociological Analysis, Liberty Classics.

Von Mises, Ludwig (1985), L’action humaine, traité d’économie, Libre échange, Presses Universitaires de France.`

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